La maladie parodontale est probablement la maladie la plus fréquente chez nos carnivores domestiques. On estime que 85 % des chiens et des chats de plus de trois ans sont atteints et qu’ils ont besoin d’un traitement.
Cette pathologie est évolutive et se divise en deux phases. La première est purement inflammatoire : c’est la gingivite (l’inflammation de la gencive). Malheureusement, si elle n’est pas soignée, elle est suivie d’une phase qui comprend des destructions de tissus et qui est irréversible, c’est la parodontopathie.
Au niveau de l’étiopathogénie, on sait que la surface dentaire est normalement lisse et sèche. Très rapidement une couche de glycoprotéines, de polypeptides et de lipides salivaires se dépose sur les dents. Cette couche acellulaire appelée la pellicule acquise, permet l’adhérence de bactéries présentes dans la bouche. On obtient alors la plaque bactérienne. Ce phénomène est très rapide puisque 24 h après l’éruption d’une dent, l’entièreté de sa surface est recouverte. Au fur et à mesure, d’autres bactéries adhèrent aux premières. La plaque s’épaissit. Elle mature et s’étend sur la couronne mais aussi sous la gencive. 48 à 72 h après le début du processus, on assiste à la minéralisation de la plaque bactérienne à partir des minéraux de la salive et de l’alimentation. C’est ainsi que se forme le tartre. Comme la plaque, le tartre est divisé en partie supra et en sous gingival.
Le tartre a une surface rugueuse propice à l’accumulation d’une plaque bactérienne supplémentaire qui elle-même va se minéraliser et être également transformée en tartre.
Contrairement à certaines fausses idées, le tartre en lui-même n’est pas à l’origine de la maladie parodontale. Ce sont les bactéries de la plaque bactérienne qui provoquent la maladie parodontale.
Les bactéries présentent en dessous la gencive vont dans un premier temps entrainer son inflammation. Ensuite, elles vont libérer des toxines et envahir les tissus sous-jacents. L’ensemble de ces processus va détruire le ligament alvéolodentaire et l’os alvéolaire qui servent de berceau et d’attache pour la dent dans la mâchoire.
À un certain moment, la destruction est telle que le maintien de la dent dans la mâchoire n’est plus possible. Voilà comment, la maladie parodontale est la première cause de perte de dents chez nos carnivores domestiques.
La gingivite est réversible. Si elle n’est pas contrôlée, elle conduit à la parodontite dans laquelle les os et les tissus de soutien sont détruits. Cette phase de parodontite est irréversible, puisqu’il est impossible de retrouver le tissu osseux alvéolaire et le ligament alvéolo dentaire originels détruits malgré tous les soins parodontaux que l’on peut réaliser.
Pour éviter ces destructions irréversibles, pensez à emmener régulièrement vos compagnons pour une visite de dentisterie chez votre vétérinaire et n’oubliez pas le brossage.
Docteur Pascale Dufour
Vétérinaire en charge des consultations et des interventions en dentisterie
à la Clinique Vétérinaire Universitaire de Liège et en pratique privée à Eghezée, Belgique