Divers termes définissent la même maladie : MICI (Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin), IBD (Inflammatory Bowel Disease), entéropathie inflammatoire chronique.
La paroi de l’intestin est constituée de différentes couches. Une couche externe de muscles mélange et fait progresser les aliments à travers le tube digestif. Une couche interne en contact avec les aliments est le lieu de l’absorption des nutriments. En cas de maladie inflammatoire de l’intestin, des cellules impliquées dans l’inflammation et la réponse immunitaire s’accumulent anormalement au sein de ses couches. Cela perturbe le brassage et l’avancement des aliments ainsi que leur absorption.
Toutes les zones du tube digestif peuvent être atteintes par cette maladie.
Plusieurs types de cellules inflammatoires peuvent infiltrer la paroi de l’intestin mais les plus fréquentes sont les lymphocytes et les plasmocytes. On parle alors d’entérite lymphoplasmocytaire. Dans certains cas, l’épaississement de la paroi digestive empêche l’absorption des protéines, on observe alors une diminution du taux de protéines dans le sang.
L’hypothèse la plus répandue pour expliquer cette maladie est que le tube digestif développe une réaction immunitaire inappropriée et excessive en réponse à des agents agresseurs alimentaires, microbiens ou génétiques.
Certaines races sont plus fréquemment atteintes telles que le Berger Allemand, le Sharpeï, les terriers ainsi que le chat siamois. Les symptômes apparaissent le plus souvent à l’âge adulte avec un âge moyen de 6 ans.
Il n’est pas anormal qu’un chien ou un chat présente de temps en temps un épisode de vomissement ou de diarrhée si cela reste occasionnel. En effet, lorsqu’ils se toilettent les chats avalent de grosses quantités de poils qui forment des boules qui doivent être évacuées et les chiens ont la fâcheuse tendance à manger des choses qu’ils ne sont pas censés ingurgiter comme des restes en putréfaction dans le compost et les poubelles, des déjections d’autres animaux, des morceaux de bois, des cailloux ou des jouets par exemple.
Cependant, si les vomissements et/ou la diarrhée deviennent persistants ou semblent trop fréquents, il faut consulter un vétérinaire. En cas de maladie inflammatoire chronique des intestins, les propriétaires rapportent en général des diarrhées et/ou des vomissements de façon chronique pouvant être associés à une perte de poids et à un appétit variable.
De nombreuses maladies peuvent causer les symptômes cités ci-dessus. Il est donc primordial d’avoir une approche systématique et de ne rien négliger. On commence tout d’abord par éliminer les autres maladies potentielles qui ne sont pas d’origine digestive mais qui provoquent des symptômes similaires (par exemple l’hypoadrénocorticisme, l’insuffisance rénale chronique ou l’insuffisance pancréatique exocrine).
Ensuite, lorsqu’on a établi que le problème vient du tube digestif, on exclut les autres maladies intestinales qui peuvent également entrainer une inflammation et une infiltration des intestins comme le parasitisme, les tumeurs, une lésion par un corps étranger, une surinfection bactérienne ou virale, etc. C’est la raison pour laquelle une analyse de selles et une échographie abdominale sont indispensables. Le diagnostic de maladie inflammatoire chronique des intestins est généralement un diagnostic d’exclusion, ce qui signifie qu’on doit d’abord éliminer les autres hypothèses pour arriver à ce diagnostic.
À l’échographie abdominale, il y a souvent un épaississement de la paroi des intestins. Cependant, pour déterminer le type de cellules impliquées dans l’infiltration (cellules cancéreuses ou cellules inflammatoires : lymphocytes et plasmocytes, éosinophiles ou neutrophiles), il faut réaliser des biopsies de la paroi intestinale. Ces biopsies sont réalisées par endoscopie ou par chirurgie.
En fonction de la réponse au traitement, on définit 3 types de maladie inflammatoire chronique de l’intestin.
Les essais thérapeutiques sont généralement réalisés dans cet ordre si l’animal est suffisamment stable. L’association de ces 3 traitements peut également être nécessaire.
La mise en place de ces divers essais thérapeutiques prend plusieurs semaines. Dès lors si l’animal n’est pas suffisamment stable, il est envisagé de mettre en place plus rapidement un traitement immunomodulateur.
Le pronostic est très variable en fonction de la sévérité de la maladie. Pour les patients qui nécessitent un traitement immunomodulateur, il est fréquent qu’ils aient besoin de ce traitement à long terme.
Docteur Emilie Vangrinsven
Diplômée du Collège Européen de Médecine Interne Vétérinaire | PhD U-Liège
Assistante à l’Université de Liège en clinique des animaux de compagnie | Auteure et co-auteure de nombreux articles scientifiques